Les coulisses de la guitare funky et du kawaii : une rencontre avec Kobayashi Funky Fûkaku

  1. Interview

— Vous travaillez aujourd’hui avec Kaoru Ōkubo, mais comment avez-vous commencé à recevoir des demandes en tant que musicien de studio ?

Kobayashi :Je fais partie d’un groupe qui s’appelle Paris on the City!. J’ai rejoint le groupe après que le chanteur, Nao Myōjin, a vu une de mes vidéos de guitare et m’a proposé de le rejoindre.
Au départ, je continuais à poster des vidéos pour aider à faire connaître le groupe. Mais un jour, j’ai posté une vidéo où je jouais Utakata Saturday Night! de Morning Musume. Et là, alors que personne ne l’avait vraiment vue jusque-là, la vidéo a explosé.

C’est à ce moment-là que les gens ont commencé à dire : « Ce mec fait des cuttings de fou à la guitare ! »
Peu après, j’ai été contacté par Shinya Saitō du groupe J-pop ONIGAWARA, avec qui on avait déjà partagé une scène. Il m’a dit : « Je travaille sur le morceau Optimistic Love pour le groupe Philosophy no Dance. Est-ce que tu pourrais jouer la guitare ? »

Je me souviens encore du moment : j’étais sur le chemin du studio de Paris on the City! quand j’ai reçu le message. J’étais tellement choqué que j’ai failli en perdre mes moyens.
Philosophy no Dance, c’est un groupe idol que j’adorais déjà. Leurs morceaux ont une vraie vibe funk, donc j’en faisais des reprises, j’allais les voir en concert… Et là, on me demandait d’en faire partie pour de vrai. J’étais là : « Quoi ? Moi ? Vraiment ? »


Des vidéos en ligne à la carrière de musicien de studio

— L’année suivante, en 2021, vous avez participé à GIRL ZONE de Seiko Ōmori — votre première collaboration sur un morceau de Kaoru Ōkubo. Comment cela s’est-il passé ?

Kobayashi : J’adorais déjà les compositions d’Ōkubo-san dans le Hello! Project. Il a vu certaines de mes vidéos, où je jouais ses morceaux, et il a commencé à me suivre sur les réseaux sociaux. Et j’ai envoyé le message comme son fan. Alors, il m’a donné un réponse : « C’était super funky, j’ai adoré ! On devrait bosser ensemble un de ces jours. » Sur le moment, je me suis dit qu’il me flatte. Mais deux mois plus tard, il est revenu vers moi avec : « Et si vous essayiez ça ? » — c’était GIRL ZONE.

Ce qui est génial avec Ōkubo-san, c’est qu’il me laisse vraiment une grande liberté à la guitare. Après avoir livré mes parties pour GIRL ZONE, il m’a dit quelque chose comme : « Si tu t’es vraiment amusé en jouant ce riff, alors c’est le bon choix. » Ça m’a profondément marqué, et depuis, dans chaque session avec lui, je sens que je peux enregistrer des parties qui portent vraiment mon âme. C’est dans ses morceaux que je me sens le plus libre, je crois.

— Est-ce qu’à cette période vous parveniez déjà à vivre de votre activité de musicien de studio ?

Kobayashi : Pas du tout! Ma famille me disait encore : « Arrête un peu ton groupe obscur, trouve-toi un vrai boulot ! »

Mais c’est à cette époque que, par un enchaînement de rencontres, j’ai été présenté à FM Gunma, la radio locale de ma région. Et là, j’ai revu par hasard Hayate Wada (de Da-iCE), mon ami du lycée. Il m’a invité dans son émission Hayaraji, et plus tard j’ai eu ma propre rubrique mensuelle dans WAI WAI Groovin’.

Faut savoir qu’à Gunma, tout le monde a une voiture — c’est la préfecture avec le plus haut taux de véhicules par habitant au Japon. Et qui dit voiture dit… radio !

Les gens adorent FM Gunma au point de coller des autocollants de la station sur leurs pare-chocs. Quand j’ai commencé à y passer régulièrement, même ma famille a changé de ton : « En fait, tu fais des trucs pas mal, non ? » Je suis sincèrement reconnaissant envers FM Gunma.

— Une belle histoire. Cela vous a-t-il permis d’enchaîner plus de projets comme guitariste ?

Kobayashi :En fait, presque toutes les demandes que j’ai reçues sont venues de personnes qui m’ont repéré directement, sans passer par un réseau ou des recommandations. La plupart me disent qu’ils m’ont vu jouer dans une vidéo en ligne, et qu’ils ont eu envie de me contacter.

— Donc ce sont vraiment vos vidéos qui ont tissé ces liens. Comment choisissez-vous les morceaux que vous jouez ?

Kobayashi :Je choisis des morceaux en me demandant : « Et si on faisait ressortir davantage la guitare ici, qu’est-ce que ça donnerait ? » Par exemple, Tropical Koishiteru d’Aya Matsuura : j’adore ce morceau à la folie. Mais comme la voix est au centre du mix, la guitare est assez discrète. Alors j’ai essayé de refaire une version avec le cutting bien en avant — c’était incroyablement fun. Je fais souvent ce genre de petites expériences.


— Les chansons d’idoles ou d’anime auxquelles vous contribuez sont souvent destinées à toucher un large public. En tant qu’interprète, avez-vous remarqué des éléments universels communs à ces morceaux ?

Kobayashi : Je remarque que beaucoup de chansons qui deviennent virales sont celles qui suscitent chez les gens l’envie de dire : « Moi aussi, j’ai envie de la chanter ! » ou « Je veux essayer cette chorégraphie ! »
Je pense que les artistes capables de créer un univers accrocheur, amusant, sont justement ceux que le grand public recherche aujourd’hui.

— Cela dit, on a l’impression que les morceaux récents pour idoles sont souvent rapides, complexes, et difficiles à reproduire. N’est-ce pas paradoxal avec leur popularité ?

Kobayashi : C’est vrai, et cela peut sembler contradictoire avec ce que je viens de dire. Mais j’ai aussi le sentiment qu’un autre type d’écoute est en train d’émerger : une écoute où la valeur du morceau est jugée à travers la capacité à bien l’imiter, malgré sa difficulté.
Par exemple, il existe aujourd’hui des émissions de variété où des participants doivent « chanter sans fausse note ». Ce qui est intéressant, c’est que le public accepte d’abord — parce que les médias l’ont présenté ainsi — que ce sont des chansons « difficiles à interpréter ».
Et ensuite, on juge les performances selon leur fidélité à cette exigence.

Autrefois, on allait au karaoké pour essayer de bien chanter les morceaux qu’on aimait. Aujourd’hui, à travers les réseaux sociaux, tout le monde devient spectateur — et parfois juge — à l’échelle mondiale.
Je pense qu’il y a une forme de « reconnaissance collective de la difficulté » qui influence la valeur qu’on attribue à une œuvre.

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